mardi 2 avril 2013

Grand Débat le 11 juin 2013 : "Le modèle allemand, mythe ou réalité ?", l'occasion d'un diagnostic comparatif pour la France ?





Après ce bel événement, nous avons le plaisir de vous proposer ici l'enregistrement audio ainsi que notre la revue de presse réalisée pour l'occasion et permettant d'approfondir le sujet.

Timing de la soirée (pour écouter éventuellement la séquence de votre choix) : 

Introduction :   Jean-Philippe Brette
4' 24" :            1ère intervenante : Elisabeth Humbert-Dorfmüller
32' 50" :          2ème intervenant : Guillaume Duval
1h 16' 35" :     Première série de questions
1h 47' 30" :     Deuxième série de questions
2h 06' :            Fin



N'hésitez pas à notre rejoindre dans l'association (contact@invivo-asso.fr) et à l'année prochaine !

 



Ce grand débat s'est tenu à Boulogne Billancourt  le mardi 11 juin 2013 à 20h30 à la salle du Parchamp : 

Thème : 

"Le modèle allemand, mythes ou réalité ?
La France cherche sa voie."

(Voir l'invitation facebook ici, et pour suivre notre actualité, rejoindre notre groupe ici)

Il s'inscrit dans le cadre de l'anniversaire des 50 ans du traité de l'Elysée et est référencé officiellement ici.
 


Nos invités :

1. Elisabeth Humbert-Dorfmüller

          Consultante, spécialiste de l’Allemagne, secrétaire de section du SPD Paris
          
          Son blog :          http://leblogfrancoallemand.unblog.fr/


2. Guillaume Duval

Rédacteur en chef du magazine : "ALTERNATIVES ÉCONOMIQUES"
à l'occasion de son livre :

"Made in Germany : Le modèle allemand, au delà des mythes"
aux éditions du Seuil.

Lien internet :
http://www.alternatives-economiques.fr/made-in-germany_fr_pub_1189.html






Résumé du livre de G. Duval :

Que ne lit-on et n'entend-on pas en France sur le modèle allemand ? On fait en particulier très régulièrement l'éloge de la rigueur budgétaire allemande, et de la capacité de nos voisins à accepter de lourds sacrifices pour restaurer la compétitivité de leur industrie.

Or, explique Guillaume Duval, ce ne sont pas là les véritables raisons des succès actuels de l'économie allemande. Cette réussite est due surtout aux points forts traditionnels du pays : un système de relations sociales très structuré, un monde du travail où le diplôme ne fait pas tout, un pays où l'entreprise n'appartient pas aux actionnaires, une forte spécialisation dans les biens d'équipement et les technologies vertes, une longue tradition de décentralisation qui permet de disposer partout d'un capital financier, culturel, social, humain suffisant pour innover et entreprendre, etc. Au cours de la dernière décennie, le boom des pays émergents a permis à l'industrie allemande de profiter pleinement de ces atouts.

Au contraire, la profonde remise en cause de l'État social, menée au début des années 2000 par le chancelier social-démocrate Gerhard Schröder, a probablement fragilisé le modèle allemand : le développement spectaculaire de la pauvreté et des inégalités menace son avenir.

On l'aura compris, ce qu'il faudrait copier ce sont plutôt les caractéristiques traditionnelles du modèle allemand que les réformes récentes qui y ont été apportées. Il n'est cependant jamais aisé de transposer les éléments d'un modèle national lié à une histoire particulière. Une meilleure compréhension de la société et de l'économie allemandes par les Français est en revanche indispensable pour réussir à imaginer ensemble un avenir pour l'Europe.

Pour s'abonner à Alternatives Economiques : cliquer ici

Nous remercions la ville de Boulogne Billancourt d'avoir publié l'annonce de cet événement sur son site ici.


Autre article : 20 minutes 

De quoi réaliser un débat passionnant !



Provoqué par la thèse de Guillaume Duval ci dessous, ce débat a été l'occasion pour le public de participer à un échange libre et approfondi avec nos experts intervenants.

Après une dérive passagère vers le modèle libéral-financier qui a fini par montrer ses limites lors de la crise de 2008, et dans lequel l’Etat se place volontairement en retrait du jeu économique comme dans les pays anglo-saxons, la France devrait, dit-on, revenir résolument à son modèle commercial-industriel qui fait le succès de son partenaire allemand, mais réussit diversement au Japon et à la Chine.

L'analyse fine des défauts et qualités réels de la société allemande pourra, à cette occasion, nous permettre de discerner celles dont la France doit s'inspirer à moins qu'elles ne sont pas applicables dans notre pays, et ceux, au contraire, dont nous devons nous garder.

Trions ensemble les idées fausses des vertueuses !

Exemples supposés positifs : Déflation compétitive, restrictions salariales de l'ère Schroeder, investissement à l'Est dans une zone à faibles couts, formation par l'apprentissage, succès des corporations professionnelles, co-détermination entre salariés et dirigeants, faible coût de la vie (logements,...), décentralisation, parlementarisme, normalisation et compétitivité, pas de nucléaire militaire, système de santé rationalisé, sortir du nucléaire civil en déployant éoliennes et énergie solaire ou biomasse...

Exemples supposés négatifs : pollution massive d'une électricité issue du charbon et cout de l'électricité, perte de souveraineté énergétique au profit de la Russie, austérité unilatérale à somme nulle en Europe et montée des extrémismes pour les peuples en crise, individualisme national (monnaie, eurobonds, politique énergétique, rigueur excessive,..), délocalisation des contraintes (pollutions, 4ème age, ...), fin du rôle de la banquindustrie, sacrifice de l'émancipation féminine (taux d'emploi, temps partiel, paupérisation,...), vieillissement de la population, fracture culturelle avec son immigration turque (PISA),...



Une référence, en passant, sur le sujet : 

A noter l'ouvrage de Jean-Louis Beffa qui décrit dans son livre "La France doit choisir" quatre approches, deux possibles, une souhaitable


http://www.slate.fr/story/48979/beffa-ou-la-nostalgie-du-colbertisme



"Les Etats peuvent choisir entre plusieurs approches, «de l’attitude libérale à la cogestion à l’allemande en passant par la voie plus hybride de la protection réglementaire». En fait, Jean-Louis Beffa distingue quatre possibilités.



Le modèle libéral-financier, dans lequel l’Etat se place volontairement en retrait du jeu économique, est celui des pays anglo-saxons et des principales institutions financières du globe. Il se caractérise par un marché des capitaux pleinement libéral, des stratégies d’entreprises aux ordres des actionnaires, une politique de concurrence prédominante. Pas besoin de s’étendre: les années 2007-2008 ont révélé les dérives de ce système, ses effets néfastes sont reconnus, tranche Jean-Louis Beffa. La question porte sur la mutation de ce système.



Le modèle commercial-industriel est celui de l’Allemagne, du Japon et de la Chine, mais aussi de la Corée du sud et de la Finlande. Il n’est pas protectionniste mais accorde une large place à l’action publique pour stimuler la croissance des entreprises, privilégie les approches de long terme et s’accompagne d’une relation étroite entre patronat et syndicat. Jean-Louis Beffa, on l’a compris, s’en fera l’avocat, d’autant plus naturellement pour cet X-Mines que ce modèle serait apparenté selon lui au néo-colbertisme. Un retour aux sources.



Le modèle rentier est celui des pays richement dotés en ressources naturelles, comme l’Arabie saoudite et la Russie. Avec un quasi monopole de l’Etat, direct ou non, sur l’exploitation de ces richesses. Quant au modèle autocentré, c’est celui du Brésil et de l’Inde qui donne la priorité au marché domestique et suppose des Etats de grande dimension. Deux cas de figure dans lesquels la France ne peut s’inscrire. Les termes du choix de Beffa, en réalité, se limitent à deux hypothèses.



Il faut croire que la dérive fut grande…

Après une longue description de la construction du nouvel ordre mondial, l’auteur analyse les mutations du modèle français, en relevant «qu’aucun système libéral n’aurait pu réussir à créer ces entreprises qui restent encore aujourd’hui un élément essentiel du dispositif français au sein de la mondialisation».



Soulignant que la transition vers le modèle libéral-financier a été impulsée par la gauche avant d’être poursuivie par la droite, il critique le découpage des grands groupes français pour le seul intérêt des investisseurs anglo-saxons, et regrette que le rapprochement avec le système de cogestion l’allemande ait été remplacé par une gouvernance visant à la primauté de l’actionnaire, allant jusqu’à inventer des stock-options pour les dirigeants afin que ceux-ci alignent leurs intérêts sur ceux des actionnaires plutôt que sur l’intérêt collectif.



Ces propos, qui ne détonneraient pas dans le discours d’un leader du Front de gauche ou de la CGT, sont beaucoup moins convenus sous la plume d’un grand patron qu’on n’entendit jamais s’exprimer publiquement ainsi lorsqu’il était lui-même en plein exercice. Il faut croire, mais on le sait, que la dérive fut grande.



Sortir de l’actuelle gestion du déclin

Aujourd’hui, «c’est la question de la croissance économique de la France qui se pose». Jean-Louis Beffa ouvre des pistes en matière de fiscalité et de distribution des revenus. Il présente aussi une hypothèse dangereuse: le refus d’adopter une voie et de s’y tenir qui caractérise l’actuel malaise français et se traduit par une gestion du déclin.



D’où la nécessité du pacte national, dans le cadre d’une Europe confrontée à «un défi à sa portée». Car si la diversité des situations pose à l’Europe la question du choix de son modèle, l’avenir de la France passe par le resserrement du couple franco-allemand, à l’intérieur d’une Union «à deux vitesses» et acceptée comme telle. Ce qui suppose que la France adopte le modèle commercial-industriel de son partenaire (qui, lui, n’a aucune raison d’en changer)."